« Des chiffres encourageants », pour Denis Beau, président de l'Observatoire de la sécurité des moyens de paiement et sous-gouverneur de la Banque de France. Au premier semestre 2024, le montant total des fraudes aux moyens de paiement est en légère baisse (? 1 %) par rapport au premier semestre 2023, a annoncé ce mardi la Banque de France lors d'une conférence de presse.
Sur cette période, ce sont quelque 3,9 millions de transactions frauduleuses, soit une augmentation de 12 %, qui ont été enregistrées, ajoute la Banque de France. Au total, le préjudice des fraudes aux moyens de paiement s'élève à 584,6 millions d'euros, dans un contexte d'augmentation des volumes de paiements (+ 4,5 %).
En outre, Denis Beau se félicite de la baisse « pour la première fois » de la fraude par manipulation : « Après une nette progression [?], le premier semestre 2024 a enregistré une inflexion à la baisse (? 2 %) sur les fraudes par manipulation. » Pour la Banque de France, cette baisse est « le fruit des efforts de sensibilisation conduits par l'ensemble des acteurs de l'écosystème des paiements, de l'amélioration des parcours d'authentification forte et de la plus grande vigilance des utilisateurs », et notamment de la mise en place de l'authentification forte. La fraude par manipulation représente désormais 30,6 % du total de la fraude (contre 31,7 % en 2023).
À LIRE AUSSI Arnaques au faux conseiller bancaire : comment ne pas se faire avoir ? Autre point positif : le repli « significatif » (? 20,4 %) de la fraude au chèque, résultante à la fois de la baisse rapide de l'usage de ce paiement (? 12,4 % sur un an), « qui ne représente plus que 2,4 % du nombre d'opérations », mais aussi grâce aux mécanismes de sécurité, comme l'amélioration des dispositifs de détection des encaissements frauduleux.
La Banque de France alerte cependant sur les efforts supplémentaires à mettre en ?uvre concernant la mise en opposition et l'acheminement des chéquiers. « C'est via les circuits de distribution par voie postale que disparaissent le plus les chéquiers », relève Julien Lasalle, secrétaire de l'Observatoire de la sécurité des moyens de paiement.
Ce montant des fraudes reste infime mis en regard aux 16,3 milliards de transactions effectuées par paiements par carte ou chèque, virements et prélèvements sur la même période, pour un montant total de 17 231 milliards d'euros (+ 1 %). Et, sans l'ombre d'un doute, la carte bancaire reste encore « le moyen de paiement scriptural préféré des Français », précise Denis Beau. De fait, elle représente au premier semestre 2024 64,4 % des transactions. Et si la croissance du recours au paiement sans contact s'essouffle quelque peu (+ 0,4 %), l'usage du paiement par mobile, comme Apple Pay ou Google Pay, augmente drastiquement de 61 %.
À LIRE AUSSI « Comment un faux conseiller bancaire m'a subtilisé près de 6 000 euros » Certes, la carte bancaire est le moyen de paiement le plus fraudé en quantité ? elle représente 95 % des transactions frauduleuses ? mais sa part ne constitue que 43 % des montants fraudés. Point rassurant : le taux de fraude des paiements par mobile diminue aussi. De leur côté, les virements et les chèques sont respectivement à l'origine de 29 % et 25 % des montants fraudés.
« Élément nouveau » pour Denis Beau : les taux de fraude des paiements à distance (carte et virement), que ce soit sur Internet, mais aussi via courrier et appel téléphonique, s'orientent à la baisse. Ainsi, sur 100 000 euros de paiements sur Internet, 158 euros de fraudes sont enregistrés, contre presque 200 en 2021.
Quant aux virements instantanés, qui continuent à se démocratiser en raison de l'alignement tarifaire avec le virement classique depuis début janvier ? le nombre de transactions par virement instantané a augmenté de 70 % par rapport au premier semestre 2023 ?, leurs taux de fraude restent « maîtrisés », à 0,040 %, contre 0,054 % pour la carte bancaire. « L'Observatoire se félicite donc de ces résultats tout à fait encourageants et appelle les acteurs des paiements à améliorer encore leurs dispositifs de prévention de la fraude sur ce moyen de paiement », ajoute la Banque de France dans un communiqué, en appuyant sur la nécessité de déployer à l'horizon d'octobre 2025 le « contrôle [effectif] de cohérence des coordonnées bancaires avec l'identité des bénéficiaires ».
À LIRE AUSSI Éloge du paiement en espèces « Ces évolutions sont globalement favorables », soutient Denis Beau. On notera par exemple que le nouveau mécanisme d'authentification des numéros (MAN), qui garantit que les appels vocaux français sont authentifiés par les opérateurs, « contribue à faire baisser [?] la fraude par manipulation. » Ainsi, au vu des nouveaux et futurs dispositifs de sécurisation et des messages de prévention, il est possible que la fraude par manipulation diminue encore au deuxième semestre, selon Denis Beau.
2025-01-21T16:22:16Z