MALGRé L'ESSOUFFLEMENT éCONOMIQUE EN CHINE, LA RéUNION AU SOMMET DU PARTI COMMUNISTE NE DONNE « RIEN DE NOUVEAU »

La réunion du comité central du Parti communiste chinois (PCC) était cruciale pour l'avenir économique de la Chine. Les dirigeants chinois ont appelé ce jeudi à « éliminer les risques » dans l'économie ainsi qu'à stimuler la consommation. Cependant, ils ne proposent pas pour le moment de mesure concrète pour relancer une croissance morose qui a ralenti à 4,7% sur un an, selon des chiffres officiels publiés lundi.

Pas de changement : des adaptations

Le « Troisième Plénum », du nom de cette réunion au sommet, s'est tenu cette semaine à Pékin et a pris fin ce jeudi. Autour du président Xi Jinping, 199 membres du comité central - équivalent d'un parlement du PCC -, 165 suppléants, ainsi que des experts, entre autres personnes, étaient présents, selon l'agence de presse d'Etat, Chine nouvelle. A l'issue de la session plénière, la direction du parti « a adopté une résolution sur l'approfondissement des réformes », a indiqué l'agence de presse officielle.

La formulation floue ne semble pas impliquer pas de changement de système politique, mais plutôt des adaptations dans la politique sociale et économique. D'après une note de l'analyste Julans Evans-Pritchard, du cabinet Capital Economics, « les dirigeants chinois promettent de poursuivre l'approfondissement des réformes dans un grand nombre de domaines. Mais peu de signes indiquent que le troisième plénum (...) marque un changement majeur de direction des politiques ».

Triple crise

L'économie chinoise est toujours au ralenti depuis la pandémie de Covid, et ce, un an et demi après la levée des restrictions sanitaires. La reprise post-Covid a finalement été brève et moins forte qu'espérée. Dans l'ensemble, l'économie du géant asiatique est en proie à une triple crise inédite : crise immobilière, crise de la consommation - toujours faible -, et crise du chômage, toujours élevé chez les jeunes.

Lire aussiLe coup de frein de la Chine pénalise-t-il l'économie française ?

Ces difficultés économiques sont accentuées par les tensions géopolitiques avec les Etats-Unis et l'Union européenne qui menacent son commerce extérieur. Pour la politologue de l'université technologique de Singapour, Hoo Tiang Boon, interrogé par l'AFP, le pouvoir chinois « reconnaît les problèmes, mais je ne suis pas sûr qu'il sache quelles mesures efficaces peuvent les résoudre ».

Pas de solution claire

Dans le secteur immobilier, les dirigeants chinois se sont engagés à tout faire pour « prévenir et éliminer les risques dans des domaines clé tels que l'immobilier et la dette des gouvernements locaux ». Les collectivités locales connaissent des difficultés financières avec des comptes souvent plombés par des dettes. Ces dernières sont la conséquence de trois ans de dépenses, notamment pour lutter contre le Covid, mais surtout en raison de la privation d'une partie importante de leurs ressources issues de l'immobilier.

Concernant la consommation toujours morose d'après les chiffres de juin - les ventes au détail décevantes pour juin (+2% sur un an), selon des chiffres publiés cette semaine -, les dirigeants ont également convenu « d'encourager activement la demande intérieure. » Globalement, « il n'y a rien de nouveau dans les annonces » de jeudi « qui ne font que confirmer les politiques existantes », résume auprès de l'AFP Gary Ng, économiste pour la banque Natixis.

Purges et contrôle social

Alors que les médias et les réseaux sociaux sont déjà censurés dans le pays, les dirigeants ont encore appelé à « renforcer l'orientation de l'opinion publique et à prévenir et résoudre efficacement les risques en matière idéologique ». Dans la lignée de ce contrôle renforcé sur la population, le PCC a également purgé certains de ses membres en excluant officiellement l'ex-ministre des Affaires étrangères (2022-2023) Qin Gang du comité central, et de « confirmer » la décision d'expulser du PCC l'ancien ministre de la Défense, Li Shangfu.

Qin Gang, l'ancien ministre des Affaires étrangères, avait disparu durant un mois, avant d'être brutalement relevé de ses fonctions. Il ne sera resté que tout juste sept mois en poste. Un an après ces faits, les autorités n'ont toujours donné aucune justification. A l'inverse, le PCC s'était expliqué sur le cas de Li Shangfu, qui n'était resté en poste lui aussi que quelques mois en 2023, expliquant que ce dernier était « soupçonné de corruption » et accusé d'avoir « reçu d'énormes sommes d'argent ».

Tensions aussi sur les exportations

En outre, les nuages s'amoncellent aussi à l'étranger avec l'Union européenne (UE) et les Etats-Unis qui, pour protéger leurs marchés de produits chinois et de leur concurrence jugée déloyale, multiplient les barrières commerciales.

Pour rappel, depuis le 4 juillet, la Commission européenne applique des droits de douane provisoires entre 17,4% sur les voitures du constructeur BYD, ou jusqu'à 37,6% sur les voitures de SAIC à leur entrée en Europe. Auxquels il faut ajouter les 10% déjà en place avant cette mesure. Une décision de l'UE prise à la suite de son enquête sur les subventions massives du gouvernement chinois en faveur de son industrie automobile, lesquelles sont jugées à l'encontre des règles du commerce international.

(Avec AFP)

2024-07-18T14:47:55Z dg43tfdfdgfd