En 2021, à l’approche de la retraite, Évelyne Hamon, fondatrice de Système Risp, à Caen (Calvados), pensait céder son entreprise à un repreneur extérieur. C’était sans compter sur son activité, très particulière, la vélotypie: la transcription simultanée et le sous-titrage d’événements en direct grâce à un clavier spécifique. Faute de trouver un acquéreur, c’est à ses sept salariés qu’elle a passé le flambeau. «Évelyne Hamon voulait transmettre à une personne qui partage sa vision, qui ait la fibre et l’envie de servir les personnes sourdes et malentendantes», explique Vincent Deffes, salarié depuis 2011 et désormais cogérant.
En mars 2023, les sept salariés ont racheté les parts de la SARL à sa fondatrice et aux actionnaires qui l’avaient accompagnée. Système Risp a été transformé en société coopérative ouvrière (Scop). Pour fixer le prix de vente, une double évaluation a été conduite par un expert de l’Union régionale des Scop et Scic de l’Ouest (Scop Ouest) et par l’expert-comptable de Système Risp. Les salariés ont bénéficié de l’appui d’un délégué de l’Union régionale des Scop. «Si nous connaissions le principe d’une Scop dans les grandes lignes, nous ne savions pas comment cela se passait de manière opérationnelle ni en termes juridique, financier ou de gouvernance», précise Vincent Deffes.
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La transmission de Système Risp s’est déroulée en moins de deux ans. La seule anicroche a été les ratés du guichet unique des formalités des entreprises lors de sa mise en place chaotique, le 1er janvier 2023. «Nous n’avons pas réussi à avoir l’extrait K-bis et donc à débloquer nos prêts bancaires», raconte Vincent Deffes. Les salariés ont emprunté auprès du Crédit coopératif, de France active et de la Socoden, organisme financier des Scop Ouest. Ils ont aussi apporté chacun au moins 5000 euros, abondés par la région Normandie dans le cadre du dispositif Émergence ESS Coopérative. «Soit, au total, 35.000 euros», précise Vincent Deffes. Il détient 26,32 % des parts, et l’autre cogérante, Camille Ribeiro, elle aussi vélotypiste, 12,28 %. «La répartition s’est faite selon les ressources de chacun et son apport personnel de départ, poursuit le dirigeant. Le nombre de parts n’a aucun lien avec le fait d’être gérant ou pas. L’idéal est que tout le monde en ait à peu près le même.»
«Gouvernance démocratique»Grâce au choix d’une cogérance, Vincent Deffes et Camille Ribeiro peuvent tous deux poursuivre leur activité de vélotypiste. «Ne pouvant être à temps plein sur la gestion, nous pouvons ainsi nous répartir les tâches», souligne le cogérant. Pour la gouvernance, les sept salariés désormais associés appliquent le principe d’une Scop, qui repose notamment sur une prise de décision collective. «Le principe, c’est un salarié associé, une voix, explique Vincent Deffes. Si nécessaire, nous procédons par vote. En cas de désaccord, la décision appartient aux cogérants. C’est une sorte de gouvernance démocratique. Nous nous sentons à la fois acteurs et maîtres de ce que l’on fait. C’est très plaisant.» Système Risp compte parmi ses clients l’Élysée, le ministère de la Santé et des groupes comme Orange, Sanofi ou EDF. Avec un chiffre d’affaires de 873.000 euros en 2022 pour 2000 à 3000 prestations, Système Risp mise sur son nouveau statut de Scop pour attirer des candidats dans un métier pour lequel aucun diplôme n’existe, l’entreprise assurant elle-même la formation.
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