«UNE ENVIE DE CHANGER LES CHOSES»: LA DéFIANCE DES DIPLôMéS DE GRANDES éCOLES à L'éGARD DE TOTALENERGIES

TotalEnergies fête ses 100 ans d'existence dans un contexte de défiance généralisé vis à vis de la major française qui continue d’investir massivement dans les hydrocarbures, et cela malgré une communication très tournée sur son ambition de neutralité carbone. Ce double discours est mal perçu, notamment auprès de la jeune génération. Ainsi, les diplômés des grandes écoles de commerce ou d’ingénieurs multiplient les actions et les prises de parole contre le géant de l'énergie.

C'était il y a un peu moins d'un an sur le campus d'HEC à Jouy-en-Josas, près deParis. Un groupe d'étudiants interrompt une table-ronde à laquelle participent des représentants de TotalEnergies, Shell et Société générale.

Depuis deux ans, les actions de ce type se multiplient dans les grandes écoles. À leur tête, des « bifurqueurs », ces jeunes diplômés qui décident de sortir des sentiers battus et de choisir des carrières compatibles avec leurs convictions. Victoria Constantini, ancienne élève des Mines à Paris a été à l'origine d'une action contrele projet EACOP en Ouganda de TotalEnergies, elle explique qu'elle a voulu s'engager car elle ne trouvait pas cohérent de « rester les bras croisés alors qu'il y a une urgence climatique ».

TotalEnergies finance les programmes des grandes écoles

Lancée avec une autre élève de l'école des Ponts et Chaussées, Lucie Sarthre, l’action regroupe des étudiants d’une quinzaine de grandes écoles. Pour Victoria Constantini, « Total finance les programmes de nombreuses grandes écoles et en échange de ces financements, l'entreprise exige d'avoir une certaine publicité. Cela joue car nous n'avons pas envie de les laisser faire ou dire n'importe quoi ». Elle dénonce notamment le double discours du géant de l'énergie, qui selon elle « pourrit le débat public car l'entreprise donne de faux chiffres ». « Pour les étudiants des grandes écoles scientifiques, ajoute-t-elle, c'est insupportable car on ne peut pas avoir un débat correct lorsque la vérité n'est pas révélée ».

Quête de sens...

Victoria n'est pas un cas isolé. Et pour nombre de ces jeunes diplômés, les attentes vis-à-vis de leurs futurs employeurs correspondent aussi à une quête de sens. Cela a été démontré dans de nombreuses études dont celle de la Conférence des grandes écoles en 2023 qui estime que 86% des étudiants de ces établissements cherchent en priorité un travail en phase avec leurs valeurs et que la moitié d'entre eux accepteraient un emploi moins bien payé s'il était porteur de sens.

Pour Mathieu Mazières, directeur des études de l'école des Mines de Paris, le premier basculement a eu lieu au début des années 2010 : « De plus en plus d'élèves se sont dirigés vers des structures de petite taille type PME PMI et quelques années plus tard, il y a eu un autre basculement avec des élèves qui cherchent des postes dans des entreprises en quête de sens avec des missions plus respectueuses de l'environnement avec une envie de changer les choses ». Une volonté d'agir qui se traduit aussi, selon Mathieu Mazières, par de plus en plus de demandes pour travailler dans le secteur public, « ils ont le sentiment et la conscience qu'il y a aussi beaucoup de choses qui se jouent à ce niveau-là ».

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