BOURSE : « IL NE FAUT PAS SURRéAGIR AU RISQUE POLITIQUE »

Les marchés financiers ont bien réagi lundi 1er juillet, au lendemain des résultats du premier tour des élections législatives françaises. Les Bourses européennes ont en effet connu un rebond et une montée de l'euro, semblant écarter l'hypothèse que le Rassemblement national (RN) puisse obtenir une majorité absolue à l'Assemblée nationale à l'issue du second tour, dimanche 7 juillet.

Olivier Raingeard, directeur des investissements de la banque Neuflize OBC, confirme que l'impact de la dissolution et les résultats du premier tour des législatives « a été limité sur les marchés européens, et inexistant sur le marché américain et les marchés émergents » et envisage, pour Le Point, les trois scénarios possibles pour les actifs français, à l'issue du second tour, dimanche 7 juillet.

Le Point : Quel impact la dissolution et les résultats des législatives ont-ils sur les marchés ?

Olivier Raingeard, directeur des investissements chez Neuflize OBC.  © Mathias Filippini

Olivier Raingeard : Nous avons observé une augmentation du risque sur les actifs français qui s'est traduite par un accroissement de l'écart entre les taux à dix ans français et allemand et une baisse de la Bourse de Paris. Néanmoins, il n'y a pas eu de hausse absolue du coût de financement de la dette française, et le recul du marché d'actions a surtout touché les secteurs financiers, des services aux collectivités et des médias. Enfin, l'impact a été limité sur les marchés européens, et inexistant sur le marché américain et les marchés émergents.

À LIRE AUSSI « Les marchés s'attendent à ce que le RN rentre dans le rang »

De manière plus générale, ces événements alimentent un régime d'incertitude politique tendanciellement plus élevé. Ces dernières années, les investisseurs ont été confrontés à de nombreux chocs, avec le Brexit, la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine ou encore le conflit russo-ukrainien.

Nous pouvons en tirer deux enseignements. D'une part, les investisseurs anticipent peu ce type de risque, ils réagissent a posteriori. Ce fut le cas par exemple pour le Brexit. D'autre part, les secousses d'ordre politique, si elles ne produisent pas de récession, sont vite effacées. Entre 2016 et 2023, les actions américaines ont progressé en moyenne de 13 % par an et les actions françaises, de plus de 9 %. Il ne faut donc pas surréagir au risque politique.

Néanmoins, comment voyez-vous évoluer les taux et les actions ?

Pour les actifs français, trois scénarios sont envisageables. Le premier est celui où une nouvelle majorité s'impose, qui pousserait les investisseurs à s'interroger sur la trajectoire budgétaire de la France, ce qui générerait potentiellement plus de volatilité sur les actions et les obligations françaises à court terme.

Le deuxième scénario correspond à l'avènement d'une Assemblée nationale divisée, qui fait refluer l'incertitude, mais pas totalement, les investisseurs ayant à l'esprit l'élection présidentielle de 2027. Le troisième scénario est celui où la majorité actuelle, même recomposée, l'emporte, ce qui permet un reflux sensible de la prime de risque qui affecte les actifs français. Pour les actions américaines et émergentes, les perspectives économiques ? croissance et inflation ? et monétaires seront déterminantes.

À LIRE AUSSI « Les marchés financiers misent sur un scénario où les trois gros blocs s'annuleront à l'Assemblée »

En attendant, que faites-vous ?

Nous considérons le scénario d'atterrissage en douceur de l'économie mondiale comme le plus probable, alimenté par une poursuite du ralentissement de l'inflation qui devrait permettre à la Fed et la BCE de baisser leurs taux de manière significative, respectivement à 3 % et 1,5 % à l'horizon fin 2025.

Dans ce cadre, nous conservons des surpondérations modérées sur les actions et les obligations au détriment du monétaire. Au sein de la classe actions, nous privilégions les actions américaines, dopées par une croissance des bénéfices des entreprises dynamique, par rapport aux actions européennes.

Sur le plan sectoriel, nous réduisons la technologie, qui retrouve, avec un ratio cours sur bénéfices de 30, des valorisations aussi tendues qu'à la fin de l'année 2021, au profit d'autres secteurs, tels que l'industrie ou la finance. Enfin, nous restons convaincus de la nécessité d'adopter des allocations diversifiées à 360 degrés, intégrant des classes d'actifs tels que le private equity, dans cet environnement en pleine mutation.

2024-07-05T07:08:19Z dg43tfdfdgfd