«FACE AUX CRISES, NE RELâCHONS PAS NOS EFFORTS POUR LES ENTREPRISES»

Les deux dernières décennies nous ont appris que les périodes de crise appellent, non pas l’austérité, mais bien la ténacité. Parce que les entreprises sont la solution et pas le problème, il serait catastrophique de leur faire porter le poids de la maîtrise des finances publiques. Par Guillaume Cairou, président de la chambre de commerce et d’industrie des Yvelines ainsi que du Club des Entrepreneurs.

Les dernières statistiques des défaillances sont éloquentes : entre octobre 2022 et octobre 2023, ce sont plus de 52 000 entreprises qui ont été concernées, d’après les dernières données publiées par la Banque de France. Le nombre d’entreprises placées en redressement ou en liquidation judiciaire tutoie désormais celui d’avant la crise sanitaire. Il serait cependant faux de n’y voir qu’un simple rattrapage après des années hors norme. A l’heure de la reconquête de notre souveraineté, le secteur de l’industrie enregistre, sur un an, une hausse de moitié du nombre de fermetures. Une pareille augmentation est constatée dans la construction, au moment même où la France manque pourtant cruellement de logements. Les problèmes de trésorerie touchent l’ensemble des acteurs économiques, des grands groupes aux TPE-PME en passant par les micro-entrepreneurs. Nous ne pouvons ni ne devons fermer les yeux !

Dans ce contexte déjà particulièrement difficile, les mauvaises nouvelles s’amoncellent depuis plusieurs mois. Partout, l’impératif de maîtrise des finances publiques - ô combien légitime en soi - est invoqué pour justifier des mesures menaçant notre dynamique économique retrouvée : nouveau débat sur l’utilité du crédit d’impôt recherche, fin du bouclier tarifaire au 1er janvier 2024, report de la suppression de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) à 2027, couperet du remboursement des PGE Covid, érosion du budget des chambres de commerce et d’industrie, multiplication des «contributions exceptionnelles» en réponse aux discours anticapitalistes et aux accusations de «surprofits». Aurait-on ce faisant oublié l’enseignement majeur de la crise mondiale de 2008 ? Afin d’éviter un nouveau marasme économique, il nous faut résister à la tentation de l’austérité et faire preuve de ténacité.

Redonner aux entreprises la capacité d’investir

La restauration de la trésorerie des entreprises est vitale pour l’avenir du pays : d’après une enquête menée par BVA pour American Express, près de neuf PME sur dix comptent financer leurs opérations et investissements en puisant dans leurs ressources propres, particulièrement en ces temps de renchérissement du coût du crédit. Or les chefs d’entreprise, qui ont d’ores et déjà tenu compte de la suppression (votée au Parlement !) de la CVAE dès 2024, se retrouvent désormais avec des stratégies de production caduques. Ils ont grand besoin de visibilité et de stabilité normative ! Dernière annonce en date, le projet d’instauration de taxes sur les aéroports et les autoroutes ne fera qu’amoindrir le budget d’investissement des entreprises visées, lesquelles ont immédiatement averti, à bon droit, qu’elles seraient dans l’obligation de transférer ce nouveau coût d’une manière ou d’une autre pour rester compétitives.

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Alors que l’Etat s’engage peu à peu sur la voie de l’austérité, sans réduire la cadence de sa propre machine à normes et à dépenses, les entreprises ont plus que jamais besoin de retrouver la capacité d’investir et d’innover. La transition écologique et le plein emploi reposent presque exclusivement sur l’initiative privée : les entreprises ne sont pas le problème, mais bien la solution ! Elles pourront toujours compter sur le soutien indéfectible de leurs chambres de commerce et d’industrie, qui accompagnent 600 000 entreprises et forment 400 000 jeunes chaque année malgré des ressources réduites de 60% en dix ans. Il revient maintenant à l’Etat d’adopter les réformes courageuses qui lui permettront de dépenser moins à son tour, sans hypothéquer pour cela la relance de la France. La loi de finances pour 2024 sera scrutée en ce sens : et si le Parlement prenait nos entreprises en exemple ?

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