"JE GAGNE 5000 EUROS PAR MOIS, JE NE PEUX PAS ACHETER": LA GALèRE DES JEUNES POUR ACCéDER à L'IMMOBILIER

Ils veulent devenir propriétaires mais se heurtent à des banquiers inflexibles et des crédits de plus en plus chers: les primo-accédants subissent de plein fouet la crise du logement. Trois d'entre eux racontent sous couvert d'anonymat leurs difficultés à l'AFP.

Julien B. : "totalement dérisoire"

Coach sportif à Mantes-la-Jolie (Yvelines), Julien B., 28 ans, s'est mis en quête d'un logement à acheter à partir du début de l'année 2022. Mais son statut d'auto-entrepreneur a suscité des appréhensions dans les banques qu'il a sollicitées.

"On m'a expliqué que même si je gagnais bien ma vie (entre 3.000 et 5.000 euros par mois) ce n'était pas suffisant parce que je n'avais pas la garantie de l'emploi, alors que ça fait huit ans que mon entreprise tourne", confie-t-il.

"Avec tous les dossiers que j'ai présentés, on pouvait m'octroyer jusqu'à 120.000 euros, voire 140.000 euros. C'est totalement dérisoire, puisque ça ne couvrirait même pas la moitié d'un achat de maison".

Découragés après deux essais, sa compagne et lui ont préféré mettre leur projet d'acquisition "en stand-by pour se concentrer sur un projet professionnel".

Juliette T. : "un gros stop"

Créatrice de contenus virtuels depuis trois ans, Juliette T., 24 ans, a toujours voulu devenir propriétaire car être locataire, "c'est un peu foutre en l'air 600 euros par mois".

Si elle pense avoir tout ce qu'il faut pour acheter son premier appartement - dont un coquet revenu de 10.000 euros mensuels en moyenne -, sa banque s'est montrée réticente en raison de la nature de son métier.

"J'avais trouvé un bien coup de coeur et malgré tout, je me suis pris un gros stop de ma banque lorsque j'ai commencé à prendre des rendez-vous pour savoir si mon projet était réalisable. L'argument ? On a une mauvaise visibilité sur mon avenir du fait de mon métier, pas viable sur le long terme. J'ai tenté une fois et j'ai abandonné pour l'instant".

"Je vais me remettre à chercher des biens qui me plaisent", poursuit la jeune femme. "Mais je prévois de passer par un courtier même si ça me coûte un peu plus d'argent, pour ne pas avoir à affronter le jugement d'être une micro-influenceuse. Je préfère ça plutôt que vivre une humiliation".

Pauline C. : "acheter moins cher"

Pauline C., 22 ans, responsable administrative dans un garage automobile à Thoiry (Yvelines), est en quête d'une maison avec jardin depuis cinq ans.

Malgré sa bonne connaissance de l'immobilier, son projet ne s'est toujours pas concrétisé. "Je gagne assez bien ma vie (entre 2.000 et 2.500 euros) mais je n'arrive pas à trouver de bien parce que c'est très cher."

Au mieux, elle ne pourrait emprunter que 118.000 euros, lui a dit sa conseillère. Les règles sur l'endettement interdisent en effet de rembourser des mensualités d'un montant supérieur à 35% de ses revenus.

"Je n'aurai pas d'autre choix que d'acheter moins cher", conclut-elle. "Je resterai sur une maison, un jardin avec mes critères, mais plus loin ou avec plus de travaux, je ne sais pas mais je vais me débrouiller comme je peux..."

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