SUPPRESSION DU TICKET DE CAISSE: LES FRANçAIS SONT POUR MAIS AFFICHENT LEURS CRAINTES

Entre adhésion et peurs. La suppression de l'impression automatique du ticket de caisse programmée le 1er avril prochain suscite des sentiments contradictoires chez les Français.

Rappelons que cette décision a été prise pour lutter contre le gaspillage et préserver le climat. Elle concerne donc les tickets de caisse mais aussi les tickets de carte bancaire et les bons d’achat dans les commerces et dans les établissements recevant du public (certains grands distributeurs comme Système U et Carrefour ont déjà franchi le pas).

Il faut dire que 30 milliards de ces petits bouts de papier sont imprimés chaque année, soit 150.000 tonnes de papier consommées ou encore 750 kilomètres de rouleaux par an pour un seul supermarché.

Trois-quarts des Français favorables à cette mesure

Concrètement, le 1er avril prochain, les commerces auront l'interdiction d'imprimer systématiquement les tickets de caisse. Il pourra néanmoins être imprimé à la demande explicite des clients ou dématérialisé (par sms, email, QR code, ou sur un compte client).

Selon une étude* menée par OpinionWay pour Perifem, la légitimité de cette suppression ne fait pas débat. Ainsi, 73% sont favorables à cette loi pour ce qui est des tickets de caisse et 69% pour les tickets de cartes bancaires.

Mais dans le même temps, les craintes liées à cette suppression sont fortes. Le ticket de caisse offre en effet une sorte d'assurance pour le consommateur. 9 Français sur 10 vérifient en effet régulièrement le détail des achats sur leur ticket en sortant du magasin.

En outre, 87% des Français avouent garder des tickets dans une perspective d’échange de produit ou s'il y a besoin de faire jouer la garantie (89%).

C'est également un support de budget familial puisque 63% des interrogés font leurs comptes avec les tickets papier. Pour résumer, le ticket en papier rassure 71% des Français.

Le passage à l'acte risque donc d'être difficile. Les consommateurs entendent donc bien utiliser la possibilité de demander un ticket lors du passage en caisse notamment pour un achat d'électroménager (91%), l'achat d’un cadeau (87%), d'un article de maison (85%) ou de mode (83%) et bien entendu dans l’alimentaire (76%).

Demander un ticket dématérialisé suscite des craintes

Et le montant de l'achat n'entre pas vraiment en ligne de compte dans la plupart des commerces. Sauf dans ceux où les sommes dépensées sont vraiment faibles, notamment les boulangeries où seulement 36% des Français continueront à exiger un ticket.

Pour autant, 49% des interrogés craignent que certains magasins refusent cette demande.

D'autant plus que la possibilité de demander un ticket dématérialisé ne convainc pas. Pire, elle suscite quelques appréhensions. 63% refuseront de dicter à l’oral leur numéro de téléphone à la caissière, 54% pour un email. L'étude souligne que donner des informations personnelles devant d’autres clients dérange 75% des Français.

Outre le manque d'intimité ou le risque de voir ses données personnelles détournées, 66% des interrogés craignent de recevoir des promotions non sollicitées.

Un risque souligné par les associations de consommateurs. Dans un communiqué commun, elles expliquent que "cette mesure ouvre la voie à une dématérialisation à marche forcée du ticket. Elle est donc susceptible de faciliter via des techniques marketing la création de base de données par les commerçants et notamment d’entraîner l’essor de publicités intrusives ou non désirées".

Le papier rassure encore plus en période de forte inflation

Pour contourner ces risques, le consommateur est néanmoins prêt à quelques efforts comme prendre une carte de fidélité sur laquelle seront stockés les tickets (59% des interrogés), utiliser un QR Code (53%) ou encore saisir leur email sur un terminal en caisse (50%).

"Cette étude montre à quel point les Français restent attachés à l’impression de leur ticket de caisse dans tous les achats de leur vie quotidienne, et ce quel que soit le montant. Si cet attachement se comprend bien au regard des inquiétudes liées à l’échange ou à la garantie, il s’explique encore plus concernant l’alimentaire par le besoin de contrôler ses achats dans un contexte inflationniste" commente Franck Charton, Délégué Général de Perifem dans le communiqué.

Les associations de consommateurs vont plus loin en dénonçant une "explosion des situations où le consommateur sera privé de la possibilité de faire valoir ses droits". "Le droit pour un consommateur d’obtenir un ticket de caisse ne sera réellement préservé que si le choix lui est systématiquement proposé". Ce qui ne sera donc pas le cas.

*: étude OpinionWay pour Perifem réalisée sur un échantillon de 1063 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. L’échantillon a été interrogé par questionnaire auto-administré en ligne sur système CAWI. Enquête réalisée les 15 et 16 février 2023.

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