POMPES à CHALEUR : PANASONIC CHOISIT LE MADE IN FRANCE POUR RéPONDRE AU DéFI DU LOGEMENT COLLECTIF

C’est dans son usine de Tillières-sur-Avre, en Normandie, que le géant japonais Panasonic va fabriquer pour toute l’Europe son nouveau modèle de pompe à chaleur destiné au résidentiel collectif. Parce qu’il a trouvé dans notre pays les compétences pour faire du sur-mesure.

Les lignes de production ne sont pas encore installées mais la place est déjà faite au beau milieu des 24 000 mètres carrés de l’usine Panasonic de Tillières-sur-Avre, en Normandie. Le site fabriquera dès l’année prochaine la nouvelle pompe à chaleur Big Aquarea Série M du conglomérat japonais. Une grosse machine, vendue entre 15 000 et 20 000 euros hors taxe, qui fournira chaleur et rafraîchissement pour le logement collectif. Un marché dont Panasonic était absent, ne proposant jusque-là que des pompes à chaleur (PAC) individuelles ou des solutions imposantes pour le tertiaire et l'industrie.

Comme le modèle doit être lancé commercialement en septembre, les premières unités seront d’abord produites en République tchèque mais la France devra très vite prendre le relais. 20 collaborateurs supplémentaires sont en train d’être recrutés à cet effet. L'entreprise va se retrouver en concurrence directe avec des acteurs très bien implantés dans notre pays comme Atlantic et Intuis. Mais la cible de Panasonic, c’est bien l’Europe entière. «Notre ambition est d’atteindre rapidement 15 % de parts de marché sur le continent», a expliqué Thierry Ronat, directeur France de Panasonic Heating and Cooling solutions lors d'une visite ouverte à la presse. Il faut dire qu'il y a du potentiel. Dans notre pays, il n'est déjà plus possible d'installer des chaudières à fioul dans le résidentiel collectif neuf, ce qui sera aussi le cas à partir de l'année prochaine pour le gaz.

Big Aquarea Série M en façade d'un logement collectif. Panasonic
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Une production locale pour cibler le marché européen

Longtemps, Panasonic a fabriqué ses solutions en Malaisie. Ce n'est que très récemment, en 2022, qu'il a complètement revu sa stratégie, afin de progresser sur le marché européen. «Nous ne pouvions pas continuer à faire venir les produits d’Asie par bateau avec un délai de deux mois. Il faut être capable de réagir en temps direct pour répondre aux attentes des clients, ce qui oblige à produire localement», précise Thierry Ronat. C'est dans cette optique que le groupe a reconverti son usine de Pilsen en République tchèque. Elle produisait des télévisions à la chaîne, elle écoule désormais des PAC individuelles pour le grand public. Il a également racheté une partie de l’activité du groupe suédois Systemair, spécialisé dans la climatisation pour le tertiaire et l’industrie. Voilà maintenant tout juste un an qu’il a récupéré son usine de Barlassina en Italie et celle de Tillières-sur-Avre en France.

Le site de Tillières-sur-Avre. Panasonic
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Des pompes à chaleur fabriquées à la demande

Ce n’est évidemment pas pour son cidre et ses fromages que Panasonic a posé ses bagages dans le département de l’Eure, en Normandie. Ici, il mise sur un site et un personnel très spécialisés, capables de produire des groupes d’eaux glacées (aussi appelés chillers) avec leurs ventilo-convecteurs, des rooftops à installer en toiture et des pompes à chaleur sur boucle d’eau. Les points forts de l’usine ? Quatre laboratoires d’essai, un bureau d’études, un énorme bâtiment de stockage et 240 employés bien formés. «Nous sommes autonomes sur notre secteur d’activité avec des compétences depuis la conception jusqu’à l’assemblage», fait observer Boris Arnaud, le directeur commercial adjoint de la division Heating and Cooling.

Panasonic pense que cette polyvalence qui a permis de cibler jusqu’ici les entreprises du tertiaire va aussi être sa force pour conquérir le marché du logement collectif. Ce sera également un atout pour personnaliser les commandes. Car contrairement aux PAC individuelles, petites et standardisées, celles du logement collectif devront s’adapter aux clients. Ce sera particulièrement le cas dans la rénovation, lorsqu’il s'agira de remplacer les chaudières en fin de vie fonctionnant avec des énergies fossiles. Or, Tillières-sur-Avre a la particularité de fabriquer directement certaines pièces comme les échangeurs et la tuyauterie. Et ses ateliers de tôlerie, de peinture et de câblage permettent de proposer un gros catalogue d’options pour customiser les machines, jusqu’à leur couleur. Une fabrication à la demande prend environ quatre semaines.

Dans le bâtiment où sont fabriqués les échangeurs Panasonic/Romain Chocart

Des PAC made in France pour le logement collectif, voilà qui répond aux exigences du gouvernement français, qui veut éviter que le dispositif d’aide MaPrimRénov’ serve à acheter des pompes à chaleur fabriquées en Chine. Au mois de septembre dernier, le président Macron a fixé l’objectif très ambitieux de produire un million de pompes à chaleur annuelles dès 2027, contre 350 000 actuellement. Alors, le gouvernement a sorti le grand jeu pour inciter les industriels à monter en puissance : crédit d’impôt, suivi personnalisé et aides à la recherche. L’idée est aussi de rapatrier la fabrication des composants dans notre pays. Panasonic se rapproche de cet objectif en allant bien au-delà du simple assemblage. Mais il ne cache pas que ses compresseurs maisons, par exemple, continueront à venir du Japon.

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